Prendre ses responsabilités pour mettre fin à la spirale des conflits communautaires violents au BurkinaFaso.

Prendre ses responsabilités pour mettre fin à la spirale des conflits communautaires violents au Burkina Faso.

 

Depuis le début de l’année 2019, le Burkina Faso connaît des affrontements violents récurrents entre des personnes habitant les mêmes communautés.

Si des conflits communautaires ont toujours existé dans le pays, il convient tout de même de signaler que leur ampleur et violence étaient moindres.

Les confrontations de ces derniers temps sont devenues violentes avec malheureusement plusieurs victimes. Les réponses apportées jusqu’à présent laissent planer sérieusement le doute sur la volonté réelle des autorités à panser définitivement la plaie avant qu’elle ne se gangrène. Cette réalité pose aussi la question de l’efficacité des mesures que l’Etat a mises en place depuis des années en vue d’apporter des réponses idoines en pareilles circonstances.

Un manque de volonté politique ou une incapacité à sonner la fin de la récréation ?

On se souvient qu’à l’issue des affrontements meurtriers à Yirgou- Foulbé dans la commune de Barsalogho, intervenus dès les premiers jours du mois de janvier 2019, le gouvernement burkinabè, tout en condamnant fermement les violences qui ont résulté de l’attaque terroriste du 1er janvier 2019 avait clairement indiqué que « l’action judiciaire est en cours pour situer les responsabilités et rendre justice aux victimes ». Les affrontements de Yirgou auraient fait selon les chiffres officiels quarante-six (46) personnes décédées et de nombreux déplacés.

Dans la nuit du dimanche 31 mars au 1er avril 2019, les Burkinabè ont à peine essuyé leurs larmes qu’une autre situation déplorable survint à Zoaga, une commune située à 12 km de Zabré dans la province du Boulgou (région du Centre Est) où un nouvel affrontement a éclaté entre deux camps après un premier affrontement intervenu le 5 janvier 2019. Il s’agissait d’un affrontement à la suite d'un rite coutumier annuel que deux camps se disputaient le droit d'exécuter dans la localité. Cet événement a entraîné plusieurs décès, des blessés et des domiciles incendiés.

Arbinda a aussi fait le lit des affrontements intercommunautaires après l’assassinat d’un Cheikh (leader religieux) et deux membres de sa famille (son fils et son cousin) le 31 mars 2019. Ces incidents aux dires des autorités ont entraîné le décès d’au moins 62 personnes, 9 autres personnes enlevées ainsi que des déplacés internes. Malheureusement, la situation d’Arbinda semble persistante avec des attaques et des risques d’affrontements violents entre les communautés.

Les questions que l’on est en droit de se poser c’est de savoir si les déclarations du gouvernement sont juste une simple communication de circonstance pour contenter une foule ou un peuple en émoi ?

Il est temps de lutter efficacement contre l’impunité dans le cadre des conflits communautaires violents

L’on se souvient qu’à la suite des déclarations du gouvernement burkinabè aux lendemains des attaques de Yirgou, le Procureur du Faso près le Tribunal de Grande Instance de Kaya avait indiqué sur la Radiotélévision du Burkina (RTB) qu’il était à pied d’œuvre pour les investigations. Malheureusement, quatre mois après les événements, aucun bilan officiel faisant état de personnes interpellées et /ou inculpées dans le cadre de ces enquêtes n’a encore été fait.

Dans le cadre des affrontements dans les localités de Zoaga et Arbinda, au-delà des condamnations officielles, les actions relevant des compétences de la justice sont restées très peu visibles.

Encore une fois, la responsabilité des autorités gouvernementales est posée : Serait-ce un manque de volonté réelle pour sanctionner les auteurs des multiples abus et atteintes aux droits humains observés çà et là ou une incapacité à faire respecter les principes de l’Etat de droit sur l’ensemble du territoire national ?

De plus, si les événements de Yirgou ont peut-être surpris les autorités, il convient de déplorer l’absence d’anticipation et de prise de mesures efficaces pour éviter la reproduction des faits à Arbinda et Zoaga. Des voix se lèvent également pour dénoncer l’insuffisance d’assistance et de mesures sécuritaires sur le terrain surtout à Arbinda où les populations semblent connaître des moments difficiles.

Les mesures et mécanismes de prévention et de gestion des conflits y compris les attaques terroristes mis en place par l’Etat burkinabè sont-ils efficaces et permettent-ils de juguler les différents conflits parfois violents que connaît le pays ?

En tout état de cause, il est plus que jamais urgent pour les autorités burkinabè de prendre leurs responsabilités pour mettre fin à la spirale des conflits violents qui endeuillent les populations et qui sapent les fondements séculaires de vivre-ensemble.

 

Pour apaiser les cœurs des Burkinabè et montrer sa volonté de combattre l’impunité, il est indispensable que les autorités diligentent de toute urgence des investigations judiciaires sur l’ensemble de ces événements et s’assurent que les auteurs rendent des comptes dans des délais raisonnables. Les actions menées sur le plan judiciaire devraient être transparentes et rendues publiques. C’est une condition sine qua non pour mettre fin au cercle vicieux de l’impunité et pour redorer le blazon des vertus de notre vivre- ensemble jadis reconnu au-delà de nos frontières pour une vraie construction de l’Etat-nation burkinabè.

 

Diakonia Burkina Faso