Accès à l’eau potable, la région de l’Est à la traîne
A la faveur d’une session de formation organisée par la << Mission Fas’Eau >>, sur l’approche fondée sur les droits humains appliquées à l’eau et l’assainissement au profit des blogueurs, des informations cruciales sur l’accès à l’eau potable au Burkina Faso, ont été présentées. Il s’agit spécifiquement de l’accès à cette denrée rare, qu’est l’eau dans les différentes régions qui a surpris plus d’un au regard des détails donnés jusqu’au niveau village dans certains cas.
Il ressort en effet des statistiques nationales que si en milieu urbain pour l’année 2018, les taux vont de 62% à 99%, la situation n’est guère reluisante en milieu rural où vivent 80% de la population burkinabè.
Au classement des régions, c’est celle de l’Est qui est classée dernière en matière d’accès à l’eau potable en milieu rural avec un taux d’accès de 52,1% sur un taux national de 67,3%.
Un pourcentage qui doit interpeller au plus haut point, les décideurs, quand on sait que depuis 2015, après un long processus de lutte au niveau international et local, le droit à l’eau et l’assainissement a été constitutionnalisé en novembre 2015 au Burkina Faso.
En effet, l’article 18 de notre loi fondamentale dispose désormais que : ‘‘L’éducation, l’eau potable et l’assainissement, l’instruction, la formation, la sécurité sociale, le logement, l’énergie, le sport, les loisirs, la santé, la protection de la maternité et de l’enfance, l’assistance aux personnes âgées, aux personnes vivant avec un handicap et aux cas sociaux, la création artistique et scientifique, constituent des droits sociaux et culturels reconnus par la présente Constitution qui vise à les promouvoir. ‘’
De plus, le Président Roch Marc Christian KABORE indiquait lors du lancement du programme présidentiel d’urgence composante « eau et assainissement » le 31 mars 2016 à Kougsin, dans la région du Centre-Ouest que « Ce Programme permettra la réalisation de 1153 nouveaux forages au niveau national, pour un coût total de 8 929 millions de FCFA, de quarante-deux (42) nouvelles adductions d’eau potable simplifiées (AEPS) dans les 13 régions, sur un total de soixante-cinq (65), pour un coût de 3 277,3 millions F CFA. A cela, il faut ajouter la mise en place de 91 forages aux alentours de la ville de Ouagadougou. C’est pourquoi, nous nous posons la question de savoir si l’Etat a procédé à une bonne répartition dans la réalisation de ces infrastructures pour s’assurer que les milieux défavorisés ne sont pas exclus du processus et que cette politique publique contribue est efficacement mise en œuvre à tous les niveaux. La fameuse mesure « zéro corvée d’eau » promise par le Président du Faso dans son projet de société lors de la campagne présidentielle de 2015 pourrait-elle être atteinte à ce rythme au bénéfice de tous les burkinabè ou celle-ci sera sélective dans sa mise en œuvre? En tout cas, cela est clairement traduit dans l’objectif stratégique 2.5 de l’axe 2 du PNDES, qui porte sur le développement du capital humain, dont la vision est l’amélioration du cadre de vie, l’accès à l’eau, à l’assainissement et aux services énergétiques de qualité. En clair ce qui est attendu de cet engagement c’est l’accès de tous à un cadre de vie décent, à l’eau et à un assainissement de qualité.
La réalité implacable du terrain en 2018, affiche 67,3% (milieu rural) et 91,1% (milieu urbain) à un an de la fin d’un mandat, dont la promesse était 100%, aussi bien en milieu rural que celui urbain. Le plus dur dans ce cas de figure, c’est le taux de 52,1% à l’Est, pour une région déjà en retard dans les priorités du développement comme les infrastructures routières. Quelles sont les mesures concrètes que l’Etat prendra pour corriger et améliorer le développement des villes et campagnes du Burkina Faso dans la vision des ODD qui veut qu’aucun ne soit oublié ?
La bonne nouvelle pour toutes ces populations qui attendent la matérialisation des promesses, c’est la possibilité qui leur est offerte d’agir, d’interpeller les décideurs et les débiteurs d’obligations à agir tout comme il le ferait pour un autre droit humain bafoué. C’est un droit constitutionnel et cela engage la responsabilité des plus hautes autorités à garantir l’eau potable, l’hygiène et l’assainissement sans discrimination aucune, y compris de la zone d’habitation. Les citoyens à la base doivent également interpeller les élus locaux, à intégrer les besoins en eau potable dans les plans de développement. L’eau c’est la vie et constitue une priorité parmi les besoins de l’homme et une promesse est une dette !
OUALI Mindiéba, Association des Blogueurs du Burkina (ABB)