A la recherche de solutions magiques ? Gouverner de façon plus pragmatique pour booster le développement du pays.
Tous les citoyens ont le devoir et la responsabilité de contribuer de quelque manière que ce soit à la gouvernance démocratique et exemplaire de leurs pays. C’est pourquoi, pour le développement du Burkina Faso, aucune idée ne doit être de trop et aucune approche ne doit être écartée. Les approches endogènes, participatives et dynamiques devraient être la sève nourricière des recherches de solutions de développement local. Il est alors important, et au regard de la situation, que l’on accepte de poser une analyse froide sur les choix de développement, sur les stratégies adoptées depuis des années mais qui malheureusement ne permettent pas à notre pays d’atteindre les résultats souhaités. Jusque-là, le Burkina Faso demeure un pays largement « développé » dans ces centres urbains pour ne pas dire dans sa capitale, Ouagadougou. Et là encore !
Pour la présente contribution, Raisonnons par l’absurde en nous appuyant sur une seule hypothèse. Le Burkina Faso compte treize (13) régions et quarante-cinq (45) provinces pour ne commencer que là. Malheureusement, il s’agit de circonscriptions administratives pour la plupart du temps dépourvues de capacités économiques et financières et réduites à de simples actions administratives de paperasse. Tout semble venir du haut lieu !
Et si pour une fois, on décidait d’allouer directement de façon annuelle à chacune des treize régions du pays un budget autonome de cinq milliards et à chaque province un budget aussi autonome de 2 milliards pour booster le développement au niveau local ? Cela ferait exactement pour les treize régions, un budget de soixante-cinq (65) milliards et pour les provinces, quatre-vingt-dix (90) milliards. Evidemment, on pensera que cela est trop. Mais en réalité la sommation de cette dotation ne fait que 155 milliards pour un budget de plus de 2 000 milliards de francs CFA (si l’on considère le budget de l’Etat gestion 2018 et prévision 2019), soit moins de huit pour cent (8%) du budget national. D’aucuns diraient également que c’est ignorer les rudiments de la finance publique mais nous pensons que cela aidera notre pays à être en phase avec la mise en œuvre concrète des mesures adoptées en matière de transfert des compétences et des ressources notamment dans le cadre de la décentralisation. A supposer que cet argent public soit alloué sur la base de projets de développement structurants annuels préalablement définis et validés de façon participative au sein de chacune de ces collectivités. Nous restons convaincus que le développement sera observable au bout d’une décennie. Dans ce cas de figure, il faudra bien sûr mettre en place un certain nombre de mécanismes et faire jouer à fond la carte de la transparence, de la participation citoyenne et surtout du suivi citoyen des actions publiques à la base. En plus de cela, il faudra renforcer les actions de lutte contre l’impunité et surtout donner à l’Etat central un vrai rôle de suivi-évaluation.
Pour l’instant, le bilan que l’on fait du développement de notre pays, laisse voir qu’à force de concentrer des milliards entre les mains d’une administration centrale très souvent éloignée des réalités terrain (les préoccupations réelles vécues par les populations à la base) et de l’orthodoxie de la bonne gouvernance (détournement de fonds, favoritisme dans le financement des projets de développement selon les bords politiques), une administration dont la lenteur et le mode d’intervention demeurent peu reluisants, on se rend à l’évidence qu’il faudra encore attendre cinq voire dix décennies pour voir advenir le développement local. Mais le pragmatisme commande de nouvelles approches. Il est donc temps d’oser de nouveaux paradigmes qui responsabilisent d’avantage les collectivités et promeuvent davantage la participation citoyenne au développement.
Diakonia Burkina Faso