À quand la mise à plat de la grosse fabrique à imbéciles ?

Dans le sillage des privatisations tous azimuts de la décennie 90, l’État burkinabè a ouvert le secteur de l’éducation à des privés sans pour autant veiller à une école de qualité. Livrée à la loi du marché et à un État démissionnaire, l’école burkinabè est en panne. Seule solution : une réforme totale.

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C’est un classement qui s’il n’a pas eu l’effet d’une bombe, a au moins eu le mérite d’ouvrir les yeux sur un pan assez sombre du système éducatif burkinabè. Début septembre, la direction générale de l’enseignement supérieur (DGEsup) a, pour la première fois, rendu public un rapport relatif aux institutions privées d’enseignement supérieur au Burkina. L’on y découvrait, avec stupeur, une infime mais repugnante partie d’un enseignement privé dont les fantasmés mérites ont longtemps été vantés. Il n’en fallait pas plus pour soulever le courroux des promoteurs des écoles épinglées.

Mais l’évaluation de la DGEsup n’a réellement de critiquable que sa focalisation exclusive sur les tares de l’enseignement privé. Elle aurait dû élargir son champ d’observation. En s’intéressant au public, aujourd’hui à la dérive. Car, c’est tout simplement l’école burkinabè qui va mal. À tous les niveaux. Dans le sillage de ce rapport, le Gouverneur des Hauts-Bassins, annonçait de son côté, la fermeture de plus d’une centaine d’écoles pirates dans sa région. Une décision qui faisait écho aux résultats catastrophiques enregistrés au CEP dans des écoles au Sahel .

La vérité, l’État burkinabè tend à renoncer à ses responsabilités dans l’éducation. Sous l’injonction des institutions de Bretton Woods, les gouvernements successifs de la 4e République, ont oeuvré à vider l’éducation de tout son sens. Tel ce grabataire désespéré qui s’accroche aveuglement aux prescriptions d’un charlatan, l’État a poussé le zèle de l’observance thérapeutique jusqu’à l’overdose. Si ailleurs, l’apport du privé à l’enseignement a accentué les inégalités entre riches et pauvres, au Burkina on est en présence de toutes les complications liées à la privatisation de l’éducation.

Cachez-moi cette misère que je ne saurai voir

La mise à mort du public au profit du privé n’a produit que peu de résultats positifs. Mûs essentiellement pour la plupart par le gain, les privés avec la bénédiction de quelque parents d’élèves, ont complètement renié leur mission sociale pour se muer en distributeurs automatiques de diplômes. Le Burkina produit des diplômés en quantité industrielle. Mais le pays cherche encore des compétences au service de son développement.

Plus qu’un rapport de circonstance, c’est tout le système éducatif qui a besoin d’une thérapie de choc. Cela commence par une sorte de tabula rasa de l’existant. Cette reforme est indispensable. Au nom du droit à l’éducation pour tous, la massification entamée depuis les années 2000, n’a jamais été assortie d’une exigence de qualité dont les critères, du reste, sont à inventer. À quand donc la mise à plat de la grosse fabrique à imbéciles ?

En mars 2013, alors Premier ministre de Compaoré, Luc Adolphe Tiao, s’était fait copieuseument houspiller à l' université de Ouagadougou par des étudiants en guenilles. Les résultats ne se sont guère améliorés. Les années ont passé, la misère des étudiants s’est accentuée. Leur radicalisation aussi. Pour le pouvoir, l’université reste cette plaie qu’il faut cacher. Surtout à ses visiteurs de marque. Mais, jusqu’à quand ?

Septembre 2017